Annie

Publié le par JACOTTE

Oui, c'est long, trois semaines. Surtout quand la vie, l'amour et la mort s'y télescopent avec fracas, rivalisant d'intensité pour vous offrir un feu d'artifice émotionnel.
La pinède, c'était chez Annie. Avec qui j'aimais bien rigoler, manger du confit et boire du Côtes de Saint Mont. Dont j'aimais les théories fumeuses, qui avaient le mérite de proposer une alternative à mon rationalisme vacillant, et qu'elle avait souvent le bon goût de ruiner par une pirouette d'autodérision.
Annie aimait la bonne bouffe, l'amour, les gens et moi. Bien sûr que je fais partie des gens, mais j'ai besoin d'écrire qu'elle m'aimait, moi. Comme je l'aimais, elle. Après le coup de fil de son mari m'annonçant sa mort, après l'arrivée des larmes, c'est cette pensée qui tournait en boucle dans ma tête : je l'aimais beaucoup.
Elle a mangé son dernier foie gras, poêlé aux raisins par son frère, le samedi 7 juillet. Avec sa cousine Amalita, elle a commenté en espagnol de vieux albums de photos, pendant que le petit Diego m'apprenait à agarrar los saltamontes. Puis elle a eu très mal au ventre. Elle croyait avoir abusé du foie gras, c'était son crabe qui reprenait l'avantage.

Elle repose sous le sable de Maillères, sous une tonne de fleurs oranges et mauves et sous les discours vivants et dignes des ses trois enfants et de son mari. Je l'aimais beaucoup.

Publié dans PAS BON

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A
Ataïe, j'ai bien pensé à toi, et à Annie aussi, trop vite apperçue d'ailleurs,même si je n'ai pas écrit.d'ailleurs, je pense encore à toi, tu vois.
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I
De temps en temps je viens voir.Voilà voilà.C'était pour dire ça.
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J
Je le sais. Il y a toujours quelques brins de tabac quand tu es passé.
S
Triste coincidenceLe titre m'a trompée, l'imparfait m'a interloquée mais ce n'est qu'aux 2/3 que j'ai compris mon contresens.J'étais venue pour un faire-part de naissance, je me retrouve devant un faire-part de décès.Je pense à toi très fort.Et je te prie de ne pas utiliser l'imparfait : elle t'aime (pas "aimait") comme toi tu l'aime encore je suppose. Il n'y a aucune raison pour que les sentiments  s'arrêtent avec le muscle cardiaque.Alors parle nous d'elle, parle nous de cet amour que vous partageriez, fais la tournoyer devant nous et nous l'aimerons aussi et t'aimerons toi encore plus et tout cet amour restera vivant et donc elle pourra continuer à t'aimer  (je sais c'est un peu compliqué à saisir mais c'est ma religion à moi et je suis certaine d'avoir raison).Je t'embrasseMarie-France
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J
Merci, Marie-France, ce n'est ni si compliqué ni si éloigné de ma religion à moi. Et en plus, c'est tendre et chaleureux. J'en demande pas plus.
I
Je suis désolé Jacotte. Et tu sais que je le pense.
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J
Bien sur que je le sais. Mais le lire encore n'est pas superflu. Merci, Impromptu. Turlututu. Annie aimait aussi la légèreté.
C
Jacotte, <br /> J'espère que cette catégorie "Pas bon" ne contiendra qu'un message définitivement. Même si ce que tu dis d'Annie est bien beau. Je t'embrasse fort.
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J
Moi aussi je l'espère, mais j'en doute. Reste que le "pas bon", que d'infinies précautions et un optimisme résolu ne suffisent pas à éviter, est rarement aussi dur à avaler. Merci pour ta tendre compassion, Clairon.